Toute cette histoire a commencé quand, pendant le confinement, Claude et moi avons enquêté sur des clavecins fabriqués par la famille Blanchet, famille de facteurs de clavecin (fabricants). Nous avons trouvé deux de ces clavecins au Musée de la Philharmonie de Paris, un noir et un rouge. Les deux clavecins dataient de la même époque mais avaient, cependant, certaines différences qui nous ont poussés à penser que l’un des deux avait été modifié. En effet, la tessiture du clavecin noir allait d’un fa grave à un fa aigu, comme tous les autres clavecins de l’époque, tandis que celle du rouge allait d’un mi grave à un sol aigu, il était plus large. En recherchant la provenance de ce clavecin mystérieux (le rouge), nous avons découvert qu’il avait été donné au Musée par Huguette Dreyfus, une claveciniste. Tout aussi étonnant, un clavecin du même modèle a été retrouvé dans l’appartement de François Couperin après sa mort. Ce mystérieux clavecin était-il celui de Couperin ?
Claude m’a donc proposé de jouer des pièces de Couperin. J’en ai écouté plusieurs, une tâche fastidieuse mais récompensante. Une pièce m’a beaucoup plu : l’Artiste. Elle a une mélodie qui m’a fait voyager lors de la première écoute (c’est toujours le cas J) et incarnait une certaine douceur qui m’a énormément plu. À la lecture de la partition, je dois vous avouer que j’ai fait une attaque : il y a des ornements à en perdre la tête, avec des rythmes encore plus farfelus et une articulation tout droit venue de l’enfer. Il s’agit pourtant, aujourd’hui, avec du travail, d’un réel plaisir à jouer et à entendre (selon ma mère).
Pour réussir à jouer correctement cette pièce, Claude m’a fait lire une Préface dans laquelle François Couperin expliquait, avec une amabilité à couper le souffle, comment jouer ses pièces. Il affirme qu’elles doivent être jouées exactement comme c’est écrit, sans modifier les ornements ni quoi que ce soit d’autre. Il m’a paru assez ronchon pour être honnête. Il disait, dans sa préface, qu’il avait écrit ses pièces intelligemment, et de manière réfléchie. Ainsi, tout avait un sens et était utile au bon fonctionnement de sa musique. Après tout, il n’aurait jamais écrit quelque chose de moche ;) . . .